La France a célébré ce 11 novembre 2014 le centenaire de la guerre de 14-18.
Première guerre mondiale, mais deuxième guerre franco-allemande, car les guerres de 1870, 14-18 et 39-45 s’inscrivent dans une suite logique.
En 1870, le projet d’unification allemande, sur les ruines de l’ancien saint-empire-romain-germanique, puis la candidature de Leopold von Hohenzollern-Sigmaringen au trône d’Espagne, sont des projets mal vus par les autorités françaises, au point que la France, sur la base d’une transcription infidèle, par Otto von Bismarck, d’un entretien entre Wilhelm von Preußen (le roi de Prusse) et Vincent Benedetti (l’ambassadeur français en Prusse), déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. Une guerre où l’armée française fut si lamentable que le gouvernement ne tarda pas à capituler, à peine 6 mois après le début du conflit, le 28 janvier 1871. Bilan 45 000 morts Prussiens et 139 000 Français, la commune de Paris et ses atrocités, l’annexion par l’Allemagne de trois départements français : le Haut-Rhin, le Bas-Rhin et la Moselle (on a réussi à sauver le territoire de Belfort) et un dédommagement de 5 milliards de francs or (remboursé en deux ans !).
Pendant 44 ans la France a ruminé la perte de l’Alsace-Lorraine et a bourré les crânes de deux générations d’écoliers d’un esprit de revanche (les Alsaciens et les Lorrains, de langue et de culture allemande n’étaient pas si malheureux de 1870 à 1914).
En 1914, c’est l’Allemagne qui déclare la guerre à la France, sur fond de conflit dans les Balkans, de rivalités coloniales et de jeux d’alliances européennes. La France, très sûre d’elle et mieux préparée qu’en 1870, entre dans le conflit la fleur au fusil, s’ensuivent quatre années de guerre, et en tout 20 millions de morts et 20 millions de blessés chez les belligérants.
La France et ses alliés ont gagné, l’Allemagne est exsangue et amputée d’une grande partie de son territoire au Nord-Est.
Ce sentiment d’échec, d’humiliation, et une grave crise économique poussent les Allemands à porter au pouvoir Adolf Hitler dont l’ambition est, comme Ludwig von Preußen en 1870, d’achever l’unité allemande en assimilant l’Autriche et en conquérant les territoires perdus (en Pologne) et les territoires à majorité allemande (les Sudètes, en Tchéquie). Comme en 1870, la France déclare la guerre à l’Allemagne (C’est un peu comme si la France était entrée en guerre contre la Russie parce qu’elle avait annexé la Crimée) et se fait battre à plate couture en quelques semaines. Quatre années d’occupation, des millions de juifs assassinés. L’Europe ravagée par les bombardements américains, la plupart du temps complètement inutiles. Paris libéré par Philippe de Hauteclocque et le reste du pays par l’armée américaine.
C’est bien de célébrer, cent ans après, la mémoire de ces soldats qui ont souffert et qui sont morts pour leur pays, pour leur patrie, mais qui sont morts aussi en raison du peu de considération pour leurs vies de la part des gouvernants et des états majors.
Depuis 1948, le ministère de la guerre est devenu le ministère de la défense. Le ministère de la défense nationale ne devrait-il pas se contenter d’assurer la défense et la prévention d’attaques vers notre territoire national ? Et par conséquent cesser d’envoyer des troupes vers les pays d’Afrique et du proche Orient en conflit armé ?
La France n’est plus une puissance coloniale, doit-elle continuer à intervenir comme gendarme de l’Afrique ?
Illustrations : affiche exposée au centre des congrès de Saint-Quay-Portrieux, revolver d’ordonnance français Manufrance 1892 (8 mm), pistolet allemand Luger 1898 (9mm Parabellum), collection privée.