[article modifié à plusieurs reprises depuis sa première publication]
Eric Zemmour avait déclaré le 6 mars 2010 : “Les Français issus de l’immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes…”. Ces propos lui ont valu une condamnation le 18 février 2011 par le Tribunal correctionnel de Paris.
Les affirmations d’Eric Zemmour ne sont pas vérifiables, la loi du 6 janvier 1978, votée sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing ayant proscrit les statistiques ethniques. La délinquance est-elle essentiellement le fait des personnes d’origine subsaharienne et maghrébine, les populations allogènes sont-elles majoritaires dans nos prisons ? Si c’est le cas, est-ce leur faute, ou celle de notre police, qui par ses contrôles au faciès, sur base de racisme larvé, se focaliserait sur les subsahariens et sur les musulmans ?
Certaines personnes sont plus contrôlées que d’autres.
Quel est en réalité le pourcentage de la population arabo-musulmane dans nos prisons ?
Jack Lang a répondu sans le vouloir à cette dernière question par un courrier adressé le 18 novembre 2014 à Manuel Valls, dans lequel il réclame plus d’aumoniers musulmans dans les prisons, et où pour justifier sa demande, il affirme que les détenus de culture musulmane représentent près des deux tiers de la population carcérale. La publication récente de ce courrier fait le buzz sur les blogs d’extrême droite, il semble qu’il ne s’agit pas d’un hoax, Jack Lang ne l’ayant pas démenti.
Personne, à part Eric Zemmour, n’osait le dire, Jack Lang l’a dit, mais sur quels chiffres s’appuie-t-il alors que les statistiques ethniques et religieuses sont interdites depuis plus de 37 ans ?
Plus important est le déséquilibre hommes femmes dans les prisons (les stastistiques sexuelles sont autorisées) : environ 3% de femmes pour 97% d’hommes. Que faire pour lutter contre cette discrimination des ethnies et des sexes ? Contrôler plus souvent les femmes blanches d’origine Européenne ? Mettre en place des quotas, la parité homme-femme dans les prisons ?
Plus sérieusement, comme le souligne Jack Lang, la présence en milieu carcéral de plus d’aumoniers musulmans, des modérés, pas des recruteurs pour ISIS, pourrait permettre d’enrayer la radicalisation.
Mais pourquoi pas des aumoniers athées, ou un soutien psychologique équivalent, mais non confessionnel ? La prison est l’école du crime, elle pourraît devenir l’école de la réinsertion, où les détenus sans qualifications apprendraient un métier utile en vue de leur sortie.